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Pas trop tard pour rentrer en classe

La Société des pédiatres du Manitoba réclame la réouverture des écoles avant la fin de l'année scolaire. Ses membres s'inquiètent du fort impact de l'apprentissage à distance sur la santé mentale des jeunes.

LAËTITIA KERMARREC [email protected]

La Dre Marni Hanna, pédiatre à la clinique Manitoba, préside la Société des pédiatres du Manitoba depuis plus de dix ans. Sa préoccupation est grande devant cette situation sans précédent.

« Nous sommes très inquiets de la santé mentale de nos enfants. Bien sûr, nous nous soucions de leur santé physique. Cependant, la fermeture complète des écoles a une répercussion majeure sur leur moral.

« Ce n’est pas trop tard pour rouvrir les portes. Puisque c’est la fin de l’année scolaire, le mois de juin dans les écoles est certes moins académique que les autres. Mais c’est le mois où les enfants ont la chance de voir leurs amis et enseignants une dernière fois avant l’été. Et parfois de dire au revoir, si jamais ils vont dans une autre école.

« Plus important encore, aller physiquement à l’école leur donne un sentiment de retour à la normale au milieu de cette pandémie. »

La pédiatre et ses confrères et consoeurs ont constaté une augmentation considérable de l’anxiété sociale, de la dépression et des troubles du comportement alimentaire. Ces problèmes se présentent le plus souvent chez les jeunes de 12 ans et plus. (1) Les troubles du sommeil et des problèmes comportementaux (irritabilité et colère) se manifestent surtout chez les moins de 12 ans.

| Plus susceptibles

La Dre Hanna affine son constat. « Nous passons désormais deux à trois heures de la journée en rendez-vous avec les jeunes. Ce qui se compare à une moyenne d’une heure de consultation par jour avant la pandémie. Et les psychologues et psychiatres nous rejoignent sur cette tendance.

« Les adolescents, chez qui les amis occupent une place plus importante, semblent plus touchés que les moins de 12 ans. Parmi eux, les jeunes avec des antécédents de santé mentale pourraient être plus susceptibles de développer ces troubles. Mais, pour être bien honnête, n’importe quel enfant isolé peut être touché. »

Pour tenter d’améliorer la situation, la Société des pédiatres du Manitoba avait envoyé une lettre adressée aux ministres concernés, aux responsables de la santé publique et aux médecins de hauts niveaux à la mi-mai. C’était à un temps où 393 écoles proposaient l’apprentissage à distance. (2) Aucune réponse formelle n’a été reçue.

Ce manque de considération n’est pourtant pas la frustration première de la Dre Marni Hanna et des autres membres de son association. « On déplore surtout un manque de transparence de la part du gouvernement provincial quant au fait que les variants du virus semblent toucher les jeunes plus facilement que la souche originelle. »

Fin mai, 482 cas de COVID-19 apparus étaient liés aux écoles. Les expositions dans les salles de classe sont montées en flèche lors de la dernière vague, avec un pic de plus de 700 cas enregistrés sur une période de deux semaines à ce moment-là.

« Le gouvernement avait les informations en mains et aurait dû les rendre publiques pour appuyer leur décision. Avant ça, il semblait n’y avoir que peu de cas dans les écoles. Quand on regardait les statistiques, on pouvait voir que 21 % des contaminations étaient apparues chez les enfants en âge scolaire. Un groupe qui représente quand même 19 à 20 % de la population manitobaine.

« Si les écoles étaient vraiment un lieu de propagation important du virus, on se serait attendu à un nombre bien plus élevé de cas de COVID-19 chez nos jeunes et nos enfants. (voir ci-dessous) Surtout qu’ils figurent parmi les derniers à obtenir l’autorisation de se faire vacciner. »

D’ores et déjà, la Société des pédiatres du Manitoba se focalise sur de nouveaux objectifs. « On cherche à prévenir la fermeture des écoles à la rentrée prochaine. Les plus de 12 ans ont commencé à se faire vacciner, donc un retour à l’école en présentiel ne devrait plus être un problème en septembre.

« Et en attendant, on travaille de concert avec la Société des pédiatres du Canada pour organiser au niveau national des activités en extérieur pour les enfants pendant l’été, dans le but de favoriser une meilleure santé mentale. »

(1) Le Centre national d’information sur les troubles alimentaires du Canada rapportait un service auprès de 4 100 clients entre janvier et octobre 2020. Ce qui représentait une augmentation générale de 43 % de personnes ayant utilisé les services du Centre depuis 2019, et de 104 % parmi les jeunes âgés de 11 à 19 ans. Pour en savoir plus, voir Une autre conséquence sanitaire à la pandémie dans La Liberté du 10 au 16 mars 2021.

(2) Les fonctionnaires provinciaux avaient d’abord suspendu l’apprentissage en classe à Winnipeg et Brandon à la mi-mai, avant de prolonger la fermeture jusqu’à début juin, y compris pour les écoles de Dauphin et les Divisions scolaires Vallée de la Rivière-rouge et Garden Valley.

« Ce n’est pas trop tard pour rouvrir les Mais c’est le mois où les enfants ont la chance de voir leurs amis et enseignants dire au revoir, si jamais ils vont dans une » - Dre Marni HANNA, présidente à la Société des pédiatres du Manitoba

École À Distance

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2021-06-16T07:00:00.0000000Z

2021-06-16T07:00:00.0000000Z

https://numerique.la-liberte.ca/article/281556588774904

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