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L’art de conserver des oeuvres

Ophélie DOIREAU [email protected] Ijl-réseau.presse-la Liberté

Une oeuvre de Réal Bérard vient de revenir au Manitoba après 64 ans de voyage. Pour veiller au meilleur état de conservation possible, il existe des protocoles. C'est en partie le travail d'émilie Bordeleau-laroche, conservatrice au Musée de Saint-boniface.

Émilie Bordeleau-laroche aborde la question de l’authenticité des oeuvres. « Quand l’artiste est encore vivant, c’est assez facile d’identifier l’oeuvre. Et encore plus facile quand il s’agit de dire à qui il veut donner son oeuvre.

« Dans le cas d’un artiste décédé, c’est un peu plus compliqué d’autant plus qu’aujourd’hui il est très facile de faire des copies. Il faut donc solliciter des experts qui vont se poser vraiment beaucoup de questions dignes d’une enquête : Est-cequ’onades papierssurcetteoeuvre?estcequ’onadescertificats?estcequelemuséed’oùl’oeuvre provientest capable de prouver oùill’aeu?

« Sinon on peut se tourner vers des experts de l’artiste ou de peintures de ce type pour savoir ce qu’ils en pensent.

Est-ce que l’âge correspond à la période de l’artiste? Est-ce que la peinture et la façon de faire correspondent à l’artiste?

Certains conservateurs vont même utiliser une lumière UV pour voir en dessous de la peinture. De cette manière, ils peuvent voir des signatures ou des esquisses. »

Pour devenir un expert sur un artiste, c’est souvent un long travail d’analyse de leur part tout au long de leur vie. « Il est très possible de voir un spécialiste sur Réal Bérard apparaître un jour. »

| Devenir expert d’un artiste

« Ces personnes ont souvent étudié aux Beaux-arts. Elles peuvent se concentrer sur une technique ou un groupe d’artistes et de là, elles peuvent se spécialiser dans un artiste en particulier.

« Ce qui serait intéressant dans le cas de Réal Bérard, c’est que l’étudiant pourrait passer du temps avec lui, le passer en entrevue, comprendre les techniques qu’il utilise et ainsi devenir un vrai spécialiste. »

Sur la question de la traçabilité, les bénéficiaires ont aussi un rôle à jouer. « Les particuliers qui reçoivent une oeuvre nous disent par où elle est passée. On se base sur leurs propos. Parfois, ils ont même des photos pour prouver les choses.

« Si par exemple, mon grand-père avait une oeuvre que j’ai eue par la suite. On peut assumer que je l’ai eue directement de mon grandpère, ou alors qu’il l’a d’abord donnée à mon père et que je l’ai ensuite eue. Ce sont des hypothèses cohérentes qu’il faut assumer. Parfois, ce sont des petites choses cachées dans un journal ou ce genre d’écrit qui fait qu’on peut retracer le parcours. L’histoire d’une oeuvre ne peut pas être connue à 100 %. On en apprend toujours dessus. »

Si les oeuvres traversent le temps et les lieux, Émilie Bordeleau-laroche pointe la nécessité de la conservation. « L’humidité et la lumière sont les facteurs les plus importants pour la conservation d’une oeuvre. En fonction de la sorte de peinture, il y a différents types de lumières qu’elle peut supporter avant de changer de couleurs.

« Les cadres sont aussi très importants pour protéger les coins d’une oeuvre.

« Chaque matériel de peinture a besoin d’un différent taux d’humidité. Par exemple, le papier et l’ivoire n’ont pas besoin du même taux. Le papier a besoin de 40 à 50 % d’humidité et l’ivoire, entre 35 et 55 %.

« C’est très rare que les artistes pensent à la conservation de leur oeuvre. C’est surtout les musées qui se penchent sur la question. »

« Parfois, ce sont des petites choses cachées dans un journal ou ce genre d’écrit qui fait qu’on peut retracer le parcours d’une oeuvre. » - Émilie BORDELEAU-LAROCHE

Musée Et Conservation

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2021-10-13T07:00:00.0000000Z

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