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Le retour surprise

Ophélie DOIREAU [email protected] Ijl-réseau.presse-la Liberté

Il y a 64 ans, le patron de Réal Bérard, Walter Danyluk, lui demandait de préparer un cadeau pour le responsable du Whiteshell, Dan Jellicoe, qui quittait son poste.

Ce tableau, qui a depuis bien voyagé, vient de revenir au Manitoba à l’école communautaire Réal Bérard de Saint-pierre-jolys.

La réaction de Réal Bérard, qui a reçu l’ordre du Canada, fait sourire. « Vraiment, je ne me souvenais plus de ce tableau-là. En tout cas, pas beaucoup.

« Comme beaucoup d’étudiants, l’été, je travaillais pour Ressources naturelles Manitoba. Il y avait des postes pour nous aider à financer nos études. À partir de 1954, je travaillais dans la réserve forestière du Whiteshell.

« À l’époque, il y avait des tours à feux où l’on se mettait pour surveiller les feux de forêt. Lors des étés pluvieux, je n’allais pas dans cette tour. Je faisais du canotage pour visiter les trappeurs. Je leur posais des questions : Comment ça se passait, leur vie durant l’été, si tout allait bien ou pas.

« Je faisais mes études aux beaux-arts, d’abord à Montréal et ensuite au Manitoba. On me demandait souvent de faire des dessins ou des tableaux. Et donc, j’en ai fait beaucoup des dessins et des tableaux! Quand je circulais en canot, je faisais des croquis. J’avais le plaisir d’en offrir à beaucoup de personnes.

« C’est comme ça que mon supérieur à l’époque, Dan Jellicoe, a eu le sien. C’est sa fille, Kathi Jellicoe

Pressley qui l’a offert à l’école communautaire Réal-bérard. Elle était toute petite quand j’ai remis ce tableau à son père.

« Je jasais beaucoup avec lui. Il avait passé beaucoup de temps au Yukon. Alors il avait un bon contact avec les trappeurs et il pouvait en parler. »

Avant de poser son geste, Kathi Jellicoe Pressley était entrée en contact avec Réal Bérard par courriel. « Un jour, elle m’a écrit pour me dire qu’elle avait l’un de mes tableaux. Je ne me souvenais même plus duquel elle parlait.

« Elle m’a demandé si j’étais intéressé à le ravoir. Et j’ai dit : Non! Qu’est-ce que j’allais faire d’un autre tableau? Puis elle est revenue quelque temps après encore. Alors, je lui ai dit de contacter l’école de Saint-Pierre-jolys pour voir si eux étaient intéressés.

« Le cadeau pour Dan a voyagé partout, en Afrique du Sud, aux États-unis, à plusieurs endroits au Canada.

« Chaque année, je suis très content de donner des tableaux aux élèves de l’école. L’idée c’est d’intéresser les enfants. Peutêtre que ça pourrait créer un intérêt pour les beaux-arts et les arts pariétaux. »

L’oeuvre de trois pieds par cinq est l’une des premières compositions de Réal Bérard sur fond de sauvagerie.

« C’est un ramassis de toute sorte de choses, flore, faune. On voit aussi des pictogrammes autochtones. J’ai toujours été intéressé à cet art trop oublié, qui fait penser aux peintures des grottes de Lascaux en France.

« J’ai lu un magnifique livre sur les pictogrammes : 40 000 ans d’art moderne écrit par Jacques A. Mauduit, publié par Plon. Rien que le titre est magnifique. Il dit tout.

« Je me dis souvent que ce serait beau de faire de grandes murales de pictogrammes autochtones, ça serait magnifique. J’ai l’impression que ça se perd.

« Dans mon travail, j’ai continué à m’inspirer de peintures pariétales.

« Je n’ai pas trop repensé au tableau voyageur de Jellicoe. Souvent, quand j’ai fini, j’ai fini. Mon plaisir c’est chercher et encore chercher. Fouiller, c’est comme rêver. »

Retrouvez l’intégralité de cette entrevue avec Réal Bérard et France Bouchard sur notre chaine Youtube La Liberté

Témoignage

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2021-10-13T07:00:00.0000000Z

2021-10-13T07:00:00.0000000Z

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