La Liberté, édition en ligne

Il faut s’engager à apprendre

Nolin Turenne, le 4 octobre 2021.

Madame la rédactrice,

En tant que Métis, j’aimerais vous écrire en réaction aux lettres de M. Verrette, publiées dans La Liberté du 18 août, du 22 septembre, et du 29 septembre 2021. M. Verrette a écrit au sujet du travail forcé pour les enfants autochtones (Premières Nations, Inuit et Métis) qui ont fréquenté les pensionnats. On pourrait dire que nous ne pouvons pas juger ce qu’était le travail forcé des enfants en se basant sur notre perspective de nos jours, mais je pense qu’il est important d’examiner ce point.

En écoutant les témoignages des survivants des pensionnats, le fait que les enfants étaient forcés à cultiver et de travailler les champs pendant qu’ils fréquentaient les pensionnats n’est généralement pas leur plainte centrale, car ils ont subi divers abus bien pires que cela, tels que des abus physiques, sexuels, émotionnels et spirituels.

En conséquence, le travail forcé peut paraître insignifiant en comparaison. Cependant, je suis en désaccord. Le fait de forcer les enfants à apprendre à cultiver et être « fermier » faisait partie d’un but d’assimilation et d’oppression des Autochtones de la part du gouvernement canadien. D’ailleurs, ces politiques colonialistes ont continué et les gouvernements provinciaux se sont accaparé des terres autochtones, notamment au Manitoba, en construisant des barrages hydroélectriques dans le Nord. Si les Autochtones étaient encouragés à cultiver, ils n’auraient pas besoin de la masse terrestre à laquelle ils avaient accès auparavant.

Plus de développement de cette dernière phrase dans le document « Comment en est-on arrivé là ? Un récit concis et sans fard de l'histoire de la relation entre les peuples autochtones et le Canada. » (1)

Voici un extrait (traduction libre): « Dans le même temps, les Premières Nations ont continué à subir la perte de leurs terres. Avec le transfert par la Couronne de terres et de ressources en Alberta, en Saskatchewan et au Manitoba au début du XXE siècle, les gouvernements provinciaux se sont impliqués dans la dépossession de leurs terres. Au Manitoba, la Province a autorisé la construction de barrages hydroélectriques dans le Nord, qui ont inondé les terres des Premières Nations et forcé des communautés entières à quitter leur territoire. Les Premières Nations ont reçu en échange d'autres terres, souvent de moindre valeur, mais elles ont continué à protester contre la perte de leurs terres et de leur "lien avec leurs arbres, leurs rivières, leurs animaux et la terre de leurs ancêtres". »

Une autre considération est que de nombreux survivants nous disent qu’il y avait un manque de nourriture dans les pensionnats. Cette pénurie de nourriture semblait n’affecter que les enfants et non les religieuses et les prêtres. Il semble problématique que ces institutions aient été sous-financées au point que des enfants aient été mal nourris ET forcés de travailler dans les champs lorsqu’ils étaient sous-alimentés. Certains étaient même soumis à des expérimentations scientifiques notamment alimentaires sans leur consentement, (2) comme déjà mentionné par Joël Tétrault dans sa lettre publiée le 29 septembre 2021.

Je voudrais aussi aborder le commentaire de M. Verrette disant que la découverte de tombes/ cimetières anonymes cet été était une facette inconnue de l’histoire des écoles résidentielles. J’aimerais préciser qu’il ne s’agit en fait pas d’une nouvelle facette. Les Autochtones et des non-autochtones en parlent depuis de nombreuses années.

Les gens savaient que des enfants mouraient dans les pensionnats, à des taux bien plus élevés que les élèves non-autochtones dans leurs écoles, pour une variété de raisons dont l’énumération est plus grande que l’objectif de cette lettre. Bien que ceci puisse être une nouvelle information pour certains, je ne pense pas qu’il soit juste d’annoncer que c’est nouveau pour tous ou que c’était inconnu.

Je reconnais qu’il peut être difficile d’apprendre les atrocités que le gouvernement canadien a infligées aux peuples autochtones, surtout envers les enfants. Je veux aussi encourager les gens, en particulier les non-autochtones, à continuer de s’engager à en apprendre davantage sur la colonisation et ses effets sur les Autochtones et le Canada, et que les gens fassent de leur mieux pour garder un esprit ouvert afin de faire ces apprentissages importants. (1) https://sencanada.ca/content/sen/committee/421/appa/ Reports/appareport-phase1_web_e.pdf (page 24, section G)

(2) https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/pmc3941673/

À Vous La Parole

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2021-10-13T07:00:00.0000000Z

2021-10-13T07:00:00.0000000Z

https://numerique.la-liberte.ca/article/281530819205637

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