Toujours dans l’action, Soukaina Boutiyeb a cette fois-ci vu passer la campagne électorale avec trop peu de mentions pour les enjeux des femmes.

« Les questions concernant les femmes n’ont pas été assez discutées pour nous. On ne prend pas assez en compte le rôle des femmes francophones et acadiennes dans notre communauté. Quand on vit une double, voire triple minorisation, l’impact est encore plus accru.

« Mais en tant qu’organisme, le travail ne s’arrête pas là. On doit travailler avec tous les politiques, peu importe la couleur. La question de la sensibilisation reste nécessaire. »

Justement, L’AFFC a travaillé dans le sens des politiques durant cette campagne. L’organisme a émis 10 priorités (1) pour cette campagne électorale et a même envoyé un questionnaire à chaque parti afin d’obtenir une prise de position de leur part sur ces sujets. Seuls le Parti libéral et le Nouveau Parti démocratique ont répondu.

« Quand on voit qu’un parti prend du temps pour répondre à un questionnaire sur les enjeux des femmes, ça démontre déjà un pas en avant, l’importance et la reconnaissance que ce parti accorde aux femmes. C’est dommage que les autres partis n’aient pas répondu car ce questionnaire était avant tout là pour les électeurs, pour qu’ils fassent un choix éclairé. »

Des droits sensibles

Ce qu’attend désormais Soukaina Boutiyeb est simple : de l’action. Le temps des promesses électorales est révolu, seuls les résultats vont maintenant compter. Et les sujets ne manquent pas : parité, égalité, violence fondée sur le sexe ou encore immigration de femmes francophones, L’AFFC souhaite que tous ces sujets, évités pendant la campagne, soient posés sur la table.

« Nos droits, en tant que femme, sont très sensibles. On a toujours peur de les perdre. Donc on attend des femmes et des hommes politiques qu’ils protègent nos droits. On va travailler avec les élus pour s’assurer qu’il y ait des changements systémiques qui dureront le plus longtemps possible. »

Plus concrètement, l’un des sujets passés à la trappe pour Soukaina Boutiyeb est l’accès aux services de santé en français. En ces temps de pandémie, ce thème est pourtant devenu prioritaire.

« C’est un enjeu pas assez discuté, presque oublié pendant cette campagne. Surtout pendant cette période de COVID-19 où l’accessibilité aux services de santé n’est pas la même d’une région rurale à une région urbaine ou d’une province à une autre. C’est définitivement quelque chose qui doit être changé.

« J’aimerais aussi mentionner l’équité salariale. Cette équité devrait exister pour tous les employeurs, point final. La loi devrait aller plus loin sur ce sujet et ce, peu importe la taille de l’entreprise. »

Et au-delà des élections, c’est toute la situation des femmes et notamment des femmes francophones que L’AFFC veut remettre en avant. Les difficultés sont quotidiennes et trop peu de choses sont faites selon Soukaina Boutiyeb pour améliorer la vie de ces citoyennes.

« Déjà, je veux rappeler que la situation des femmes francophones en situation minoritaire au Canada n’est pas homogène. Chacune a sa propre réalité.

« Ensuite, et surtout, que ce soit au niveau municipal, provincial ou fédéral, la voix des femmes compte. Il faut continuer à lutter, faire des actions ciblées. On a besoin de stratégies spécifiques pour ces sujets. »

Un Canada plus inclusif

Soukaina Boutiyeb rappelle enfin que c’est surtout le thème de l’inclusion qui doit être plus porté au Canada. Les projets ne doivent plus se faire en oubliant un groupe de personnes.

« Avant d’instaurer une politique publique, le pays doit s’assurer d’avoir un impact sur toute la population qu’on soit une femme, francophone, d’origine africaine, musulmane ou homosexuelle. »

(1) Les priorités de L’AFFC : https://affc.ca/elections-federales2021/#reponses