Le dramaturge manitobain revient sur son entrée en scène dans cette nouvelle étape d’une initiative qui remonte à 2015. (1)

« L’association culturelle de la francophonie manitobaine avait mis sur pied le projet des

lieux-dits en collaboration avec Radio-canada. Ça consistait en une série de vignettes mettant en valeur 49 endroits importants du patrimoine manitobain.

| La grotte de Saint-rose du Lac

« Ce vaste tableau, qui reflète différents aspects de la vie rurale, a permis aux aînés de transmettre leur savoir aux nouvelles générations, mais aussi d’éveiller un sentiment d’appartenance chez les plus jeunes participants. Je pense par exemple à la grotte de Sainte-rose du Lac, qui a été bâtie et maintenue par les gens de la ville, et qui a une forte signification spirituelle pour eux.

« Je n’avais pas travaillé sur les premiers volets du projet, qui ont été très bien accueillis de la part du public. Maintenant, l’idée est de reprendre les vignettes des 24 communautés sélectionnées, et de les transformer en spectacle de théâtre de plus d’une heure, de concert avec le Théâtre Cercle Molière. C’est court. Il faudra réussir à dire l’essentiel en faisant en sorte que les spectateurs se reconnaissent dans les pièces. (2)

« D’une certaine façon, le spectacle est déjà écrit. Essentiellement, mon rôle sera de rassembler les témoignages qui en sont la fondation, et d’animer les rencontres dans les communautés rurales. En fait, je serai surtout au service de ces communautés pour faciliter leur expression à travers l’art de la scène.

« Viendront se greffer aux récits différents éléments artistiques, qui s’établiront au fil des rencontres avec les gens sur place. L’histoire pourra se raconter sous forme de conte ou de poésie, ou peut-être de musique. C’est vraiment les participants qui donneront le ton. En ça, le titre Raconte-moi

ton patrimoine est très bien

choisi.

« Et ce sera possible d’intégrer beaucoup de participants, grâce à du visuel par exemple, suivant l’intérêt des personnes et la réalité des communautés. »

Rhéal Cenerini était l’artiste tout indiqué pour préparer les textes finaux de l’évènement, par son intrication au monde rural et théâtral depuis bientôt 40 ans. « Après avoir grandi sur une ferme, je suis moi-même devenu agriculteur de fruits et légumes à l’extérieur du village de La Salle, sur les berges de la rivière.

« En parallèle, j’ai aussi dirigé une quinzaine de pièces de théâtre, dont une dizaine ont été publiées aux Éditions du Blé, et certaines montées au TCM ou à L’USB. Mes sujets de prédilection sont la question identitaire, la foi, la colonisation, le pouvoir, la relation avec le territoire et entre les cultures... »

Déjà depuis l’adolescence

Il faut dire que l’auteur a de qui tenir.

« Ma mère, Cécile Cenerini, était raconteuse depuis toujours. Mon oncle, Antoine Gaborieau, m’a aussi beaucoup encouragé. Une professeure de littérature que j’ai eu à L’USB, Ingrid Joubert, a eu une grande influence sur toute une génération d’étudiants, moi y compris.

« En fait, j’écris depuis l’adolescence, surtout de la poésie. J’ai toujours pensé que c’était fait pour être récité plutôt que lu. De là, le théâtre allait de soi.

« J’ajoute qu’il n’y a pas une de mes professions qui prédomine sur l’autre. L’agriculture influence bien sûr mon style d’écriture de nombreuses façons, puisqu’elle façonne mon identité, et que les deux sont inséparables.

« Mon histoire personnelle fait en sorte que j’ai un lien avec les communautés rurales. Pour

Raconte-moi ton patrimoine,

je me sens naturellement confiant de pouvoir aborder les valeurs qu’on retrouve dans ce milieu. »

Rhéal Cenerini espère qu’au printemps 2022, il sera possible de se rassembler pour assister à l’évènement en direct.

(1) Le projet des lieux-dits de L’ACFM a été inspiré d’une initiative conçue par le Conseil provincial des sociétés culturelles du NouveauBrunswick. Il a connu deux phases de production : en 2016 et 2019, rassemblant 56 aînés et 47 jeunes.

(2) Pour en savoir plus sur les lieux-dits, visiter le site acfm. mb.ca/notrepatrimoine.