Louis Tétrault est le 6e Franco-manitobain à recevoir le prix Boréal, remis depuis 1995 par la Fédération des communautés francophones et acadienne du Canada (FCFA). Une occasion pour le natif de La Broquerie de rendre hommage à sa terre natale.

Le prix Boréal Leadership vise à « récompenser une contribution à vie ou une action précise. » Dans le cas de Louis Tétrault, c’est sa contribution pour l’effort de toute une vie qui est saluée. (1)

« Je n’ai jamais vu les actions que j’ai entreprises comme des accomplissements au moment où je les faisais. Mais quand je regarde en arrière, sur mes 40 ans d’implication pour l’épanouissement de la francophonie, je me rends bien compte de l’impact de ces actions.

« Ce fut une grande surprise d’apprendre que j’avais reçu ce prix. C’est L’AMBM qui a soumis ma candidature. Je reçois le Boréal avec beaucoup d’humilité. C’est pour moi un très grand honneur d’être associé à des personnes qui ont tant contribué à l’épanouissement de nos communautés francophones au pays. (Voir encadré)

« Vraiment, quand j’ai vu la liste des récipiendaires des années précédentes, je me sentais gêné. Il y a des noms de sénateurs, de sénatrices, de juges. Pour faire une analogie, je suis un peu comme le petit joueur de hockey sur la 4e ligne : je fais de mon mieux et je contribue avec modestie autant que je peux à mon équipe. »

Louis Tétrault se remémore quelques-unes de ses actions qui ont contribué au renforcement de la francophonie manitobaine. « J’ai été le premier président de la Commission scolaire francomanitobaine en 1993. J’ai pu voir nos écoles francophones prendre forme.

« Avec Raymond Poirier, je me suis retrouvé dans les années 1990 au coeur de l’équipe initiale qui visait à la croissance de L’AMBM, qui a été à l’origine en 1996 du CDEM, le Conseil de développement économique des municipalités bilingues du Manitoba. (2)

« Ce sont de très belles associations qui ont eu des impacts réels sur les communautés francophones au rural. D’ailleurs leur travail est reconnu au niveau provincial et fédéral.

« Pour moi, l’objectif de mon engagement était simple : je voulais aider à normaliser la vie en français dans nos communautés au rural. »

Cet engagement a pu être exporté au-delà du Manitoba lorsqu’en 2011, Louis Tétrault a accédé à la direction générale de L’AMBM pendant sept ans. « Il y a une initiative dont je suis particulièrement fier : celle du projet de développement économique communautaire au Burkina Faso et au Mali.

« C’était un projet de cinq ans, qui n’a malheureusement pas pu se poursuivre à cause du climat politique dans ces pays. En tout cas à partir de 2011, on a aidé les associations de municipalités de ces pays à mettre sur pied des corporations économiques communautaires sur le modèle du CDEM. »

Louis Tétrault tient à rendre hommage à ses racines. « Ma communauté de La Broquerie a été pour moi une motivation. Mon village a très bien montré qu’il était possible de vivre en français au rural.

« Mes parents, mes grandsparents ont toujours fait la promotion de la langue française à des époques qui n’étaient pas toujours favorables au français.

« En grandissant, j’ai bien vu que dans mon entourage, certaines personnes choisissaient l’anglicisation. Mais je ne voulais pas ça pour moi, ni pour ma famille. Je voulais vivre en français.

« Je pense que pour créer des générations engagées, il faut que les enfants voient des modèles. Il faut qu’ils voient des gens s’engager avec conviction. »

(1) Les deux autres récipiendaires sont le Conseil multiculturel du NouveauBrunswick (Prix Boréal dans la catégorie Inclusion) et l’association canadienne-française pour l’avancement des sciences (Prix Boréal dans la catégorie Rapprochement).

(2) L’équipe initiale était composée de Mariette Mulaire, Maurice Mccarthy, Simone Neveux et Louis Tétrault.