La Liberté, édition en ligne

Quand l’hospitalité mène à la grande famille

Ophélie DOIREAU [email protected]

Dans cette série sur les familles qui font le choix d’adopter des enfants, La Liberté souhaite montrer la diversité de la palette des liens familiaux. Voici la famille élargie de Daniel et Jennifer Preteau, née de la capacité d’accueil du Canada.

C’est avant tout un concours de circonstance qui a mené à la rencontre de Daniel Preteau et de ses enfants adoptifs : Grace, Kevin et Jonathan.

« Quand j’étais directeur du Centre scolaire Léo-rémillard, en 2014, on a accueilli à l’école trois enfants qui venaient de la République démocratique du Congo. Grace, la plus âgée, avait de la documentation sur elle qui disait qu’elle était responsable pour ses frères cadets.

« On avait compris que les parents allaient venir plus tard à Winnipeg. Moi, comme directeur, je faisais des vérifications régulières avec eux pour suivre leur intégration en classe, et plus généralement à la société canadienne. À un moment j’ai réalisé que leurs deux parents étaient décédés au Congo et qu’ils étaient orphelins.

« C’est une situation qui est venue me chercher, vraiment. Je me rappelle en avoir parlé à mon épouse le soir même, tellement c’était dur de garder cette histoire pour moi.

« On avait trois enfants du même âge qu’eux, entre 18 ans et 14 ans. J’imaginais mes enfants seuls dans un nouveau pays, sans personne. C’était tellement dur. »

N’écoutant que son coeur, Daniel Preteau, d’un commun accord avec son épouse, a décidé d’ouvrir sa maison à ces trois enfants. « On a d’abord commencé par une adoption de mentorat, chaque fin de semaine pendant un an. Ils venaient à la maison et on leur montrait les traditions canadiennes.

« Pendant cette annéelà, on faisait du mieux qu’on pouvait pour leur donner un maximum de clés de vie.

« Juste pour donner une petite anecdote, un jour on préparait à manger avec Jennifer, et on a sorti un poulet du frigo. Ils ont été très étonnés de voir un poulet froid comme ça! Ce n’est pas la norme chez eux « Vraiment, si la résilience devait s’illustrer par des personnes, eh bien Grace, Kevin et Jonathan en seraient de parfaits exemples. Leur mère leur a vraiment inculqué de très belles valeurs de vie, ils étaient toujours dans la politesse et la reconnaissance. »

| Imprégnés du sens de l’hospitalité

« Comme on ne voulait pas s’imposer à eux, ils vivaient dans un appartement proche du CSLR. Ils continuent sur ce chemin d’indépendance. »

Daniel Preteau peut aussi être fier de ses enfants biologiques, Danie, Tyler et Zoé, qui ont tendu la main à Grace, Kevin et Jonathan. « Les enfants sont arrivés en octobre 2014. Ils allaient passer Noël tout seuls. C’était vraiment hors de question pour nous. Tout naturellement, les enfants ont décidé de diviser le budget alloué pour les cadeaux en six au lieu de trois. C’était un des plus beaux moments dans ma vie. »

Il faut dire que ces adolescents étaient déjà bien imprégnés du sens de l’hospitalité qui régnait chez eux.

« Chez nous, il y a toujours eu du monde. C’est notre nature d’accueillir les gens et d’ouvrir notre maison. Je pense qu’il y a au moins une quinzaine de personnes qui ont déjà vécu chez nous. »

Si les Preteau ont ouvert leurs bras, il reste que d’un point de vue légal, Grace, Kevin et Jonathan n’ont pas été adoptés officiellement. « Ils ont le statut de réfugiés. Si on les adoptait formellement, ils perdraient ce statut.

« Il n’empêche qu’ils m’appellent Papa Bear et Jennifer, Maman Bear. C’est drôle de voir que Tyler et Kevin se présentent comme des jumeaux. Leurs relations les uns aux autres sont très similaires à celles de frères et soeurs qui ont grandi ensemble.

« La vie à huit a bien évidemment demandé certains ajustements. Il faut bien reconnaître qu’il y a des hauts et des bas. Mais le plus important, c’est qu’on est là autant pour les larmes que pour les succès. »

Famille Élargie Aux Réfugiés

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2021-06-16T07:00:00.0000000Z

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https://numerique.la-liberte.ca/article/281573768644088

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