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DOSSIER ARCHIVES

Tom Nes­mith, membre de l’as­so­cia­tion ma­ni­to­baine des ar­chives et an­cien pro­fes­seur d’ar­chives au Dé­par­te­ment d’his­toire de l’uni­ver­si­té du Ma­ni­to­ba. Der­rière, le bâ­ti­ment ac­tuel des ar­chives de la Ville.
Tom Nes­mith, membre de l’as­so­cia­tion ma­ni­to­baine des ar­chives et an­cien pro­fes­seur d’ar­chives au Dé­par­te­ment d’his­toire de l’uni­ver­si­té du Ma­ni­to­ba. Der­rière, le bâ­ti­ment ac­tuel des ar­chives de la Ville.
Pho­to : Ma­thilde Er­rard

La Ville de Winnipeg a engagé une compagnie pour évaluer les besoins d’un futur centre des archives municipales. Une consultation citoyenne sera organisée. L’association manitobaine des archives rappelle déjà l’importance de mieux conserver et rendre plus accessible les documents originaux de la Ville de Winnipeg et aussi de protéger les archives d’organismes winnipégois.

Le rendez-vous est donné au 50, rue Myrtle, dans une zone industrielle au nordouest de Winnipeg. Cela fait environ six ans que les Archives de la Ville ont déménagé dans ce bâtiment en tôle grise. Cette situation devait être temporaire, rendue nécessaire par d’importants dégâts occasionnés à l’ancien bâtiment, l’ancienne bibliothèque Carnegie, sur l’avenue William.

Depuis l’automne 2018, l’association manitobaine des archives (AMA) presse la Ville de trouver un endroit permanent pour ses archives. Tom Nesmith, un des membres et ancien professeur en archivistique au Département d’histoire de l’université du Manitoba, détaille les conséquences de cette situation « inacceptable » : « Le bâtiment est en dessous des standards de préservation des archives : pas de contrôle de l’humidité, ni de la température. L’été, il fait trop chaud. Et l’hiver, trop froid, ce qui peut provoquer à long terme une fragilisation du papier. »

Les efforts de L’AMA semblent porter leurs fruits. En début d’année, Cornerstone Planning Group, une compagnie de Vancouver, a commencé l’évaluation des besoins pour un futur centre des archives. Ce travail fait suite à un appel d’offres de la Ville, qui a engagé 75 000 $ pour cette évaluation.

Cornerstone va devoir répondre à des questions comme : Où devra se situer le bâtiment? Quelle est la taille nécessaire pour accueillir les archives et des salles pour le public? De quelles structures, matériaux et outils numériques aura-t-on besoin? »

À la Société historique de Saint-boniface, membre de l’association manitobaine des archives, on soulève la question de la vocation du futur centre des archives. Son président, Michel Lagacé : « Est-ce qu’il sera seulement un centre d’archives municipal? Ou aussi d’archives communautaires, pour accueillir les archives de certaines institutions privées, comme la United Way, l’orchestre symphonique de Winnipeg ou la Winnipeg Foundation? Pour le moment, aucun endroit accessible à tous n’abrite les archives des organismes winnipégois. »

Pour Michel Lagacé, inclure ces types d’archives dans le futur centre d’archives permettra « d’encourager les institutions à conserver leurs archives. Certaines ne les gardent pas. Faute d’avoir bien conscience de l’importance de leurs documents ou faute de moyens et de place pour les garder. Pourtant, même s’ils ne sont plus utilisés, ces documents racontent potentiellement une histoire.

« Au Centre du patrimoine, les organisations francophones peuvent déposer régulièrement leurs archives. En 2017, par exemple, le Festival du Voyageur a apporté 50 ans d’archives. Les documents sont maintenant en sécurité et accessibles. Le livre de Lucienne Loiselle sur le Festival (1) n’aurait pas été possible si ses archives n’avaient pas été disponibles au public. »

Konrad Krahn, le responsable des archives municipales depuis décembre dernier, indique que la Ville va explorer toutes les options, mais que la priorité sera donnée aux archives municipales.

Une consultation citoyenne sera organisée en mars ou avril. Ses résultats seront combinés avec le rapport de Cornerstone et seront présentés au conseil municipal.

L’association manitobaine des archives continue de suivre le dossier, assure Tom Nesmith. « La situation reste préoccupante pour le moment, car il s’agit de conserver des documents originaux administratifs de la Ville depuis sa création. »

Aujourd’hui, les archives contiennent les originaux des documents administratifs de la Ville, depuis sa création en 1873. Sur les étagères du bâtiment actuel, on peut donc trouver des cartes, mais aussi des lettres de citoyens ou encore des photographies, comme celles prises de la rue Main en 1871 et 1872 par un ancien résident. Ce sont les plus anciens documents conservés aux archives.

Tom Nesmith souligne également que pour le moment, la Ville ne respecte pas totalement son engagement envers ses citoyens. « Il faut se rappeler que les archives n’appartiennent pas à la Ville, mais aux citoyens, qui paient pour avoir ce service. Donc nous méritons d’avoir un lieu où les gens peuvent apprendre. Présentement, la consultation des archives est difficile et peu accessible. »

Le bâtiment est effectivement excentré, avec peu de places de stationnement.

De ses dossiers, Tom Nesmith sort une image de l’édifice qui abrite les archives de la Ville d’ottawa. Un bâtiment lumineux avec de grands espaces pour accueillir le public. « C’est ça que je voudrais pour Winnipeg. Un endroit qui peut accueillir des groupes et des classes. »

Il rappelle que « les archives ont un gros pouvoir, d’éducation notamment. Elles permettent de trouver la réponse à des questions comme : Comment la ville s’est construite? Comment était-elle gouvernée par le passé? Et, même si un citoyen ne s’est jamais rendu aux archives, elles font partie de notre quotidien. Elles sont utiles pour écrire un roman, une série, des documentaires. Par exemple, le directeur artistique de la comédie musicale Strike! sur la grève générale de 1919 a très certainement eu besoin des archives.

« Les archives existent pour se souvenir. Alors, il faut créer de bonnes conditions pour les utiliser ».

( 1) Le Festival du Voyageur hé ho! : Une célébration de culture et de patrimoine, aux Éditions des Plaines, par Lucienne Beaudry Loiselle.